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Le Cosmopolitisme : influences, voyages, échanges dans la République des Lettres (XVe-XVIIIe siècles)

Appel à contribution en vue du 9e colloque « Jeunes chercheurs » du CIERL ; date limite : 20 février 2009 ; Université Laval, Québec, 21-23 mai 2009 .

dimanche 30 novembre 2008, par Blandine Perona

Dix années de recherche et de rencontres, dix années d’amitiés
intellectuelles à la confluence de l’Amérique et de l’Europe, c’est ce que
le CIERL se prépare à célébrer en 2009. À cette occasion, le prochain
colloque « Jeunes chercheurs » interrogera l’une des dimensions centrales de
la République des Lettres « celle d’hier comme celle d’aujourd’hui », l’un
de ses ressorts les plus puissants, à savoir le cosmopolitisme.

Cosmopolites, les gens de culture, de la Renaissance aux Lumières, l’ont été
en plusieurs sens. C’est d’abord par fidélité à un héritage, par
appartenance à une Europe intellectuelle et spirituelle, qu’ils ont cherché
à dépasser les frontières politiques ou linguistiques qui s’élevaient entre
eux. On songe, par exemple, aux voyages de Nicolas de Cuse et de Dürer, à la
peregrinatio academica qui les a conduits en Italie ; on songe également aux
innombrables correspondances que les républicains des lettres ont alors
entretenues, aux quatre coins de l’Europe. Ainsi, au gré des voyages et des
échanges, s’est instaurée une véritable « culture de la mobilité » (Daniel
Roche) qui devait nécessairement essaimer, c’est-à-dire déborder les limites
de l’Europe.

De fait, le cosmopolitisme des Lumières s’ouvre sur le Nouveau Monde, sur
l’Orient et sur l’Afrique, voire sur la mystérieuse Russie. À l’époque où
Montesquieu fait voyager Usbek et Rica, dans les Lettres persanes, le mot « cosmopolite » devient de plus en plus courant ; il renvoie à une sensibilité
universaliste, suivant en cela son étymologie (du grec kosmopolitês, citoyen du monde). Mais le cosmopolitisme, défini en ce sens, soulève des
difficultés. On se souvient de l’injonction de Rousseau : « Défiez-vous de
ces cosmopolites qui vont chercher au loin dans leurs livres des devoirs
qu’ils dédaignent de remplir autour d’eux. Tel philosophe aime les Tartares
pour être dispensé d’aimer ses voisins » (Émile). De même, le Dictionnaire
de l’Académie
de 1762 enregistre une définition nettement péjorative de « cosmopolite » : « Celui qui n’adopte point sa patrie. Un cosmopolite n’est
pas un bon citoyen ». Les Lumières, en même temps qu’elles soutiennent le
cosmopolitisme, en dénoncent les inconséquences : si assoiffé d’universel
qu’il soit, le cosmopolite ne peut guère prétendre être de tous les lieux à
la fois, ni non plus méconnaître sa responsabilité envers les siens, son
enracinement dans une culture.

C’est dans cette optique que le colloque « Jeunes chercheurs » du CIERL
envisagera les manifestations plurielles du cosmopolitisme, de la
Renaissance aux Lumières. Il s’agira, certes, de mettre au jour les
relations qui se sont tissées, au fil du temps, entre les gens de culture à
travers l’Europe, de même que les échanges entre ceux-ci et le reste du
monde ; il s’agira, tout autant, de cerner les réseaux d’influences, les
flux et les circulations qui ont façonné la République des Lettres. Mais, ce
faisant, il faudra prendre la mesure des distances, saisir le poids des
traditions, faire droit aux altérités. Le cosmopolite, tout en pariant sur
des solidarités, éprouve la justesse du mot de Montaigne : « Quelle vérité
que ces montagnes bornent, qui est mensonge au monde qui se tient au-delà ».
L’exemple de Campanella, à cet égard, est instructif : à son arrivée en
France, en 1634, il doit convenir assez tôt que sa « science des étoiles »
se heurte à un nouveau régime de vérité, à une nouvelle méthodologie
scientifique. Le cosmopolitisme authentique n’abolit pas les frontières, ni
le jeu des différences, ni le heurt des temporalités ; tout au contraire, il
les problématise ‹ ce qui fera précisément l’objet de notre colloque.

Trois principaux axes de travail ont été retenus par le comité :
- le premier, « Influences », s’attachera aux retombées directes du
cosmopolitisme, que ce soit dans les oeuvres des créateurs ou dans les
travaux des savants (chemins parallèles, mises en commun des héritages,
confrontations et polémiques, sociabilités, académies, dialogues artistiques
ou érudits, figures exemplaires, mentorat, reprises et réécritures, effets de mode, orientalisme et anglomanie) ;
- le deuxième axe, « Voyages », portera sur les déplacements réels ou
imaginaires, sur les enjeux les plus divers de la « culture de la mobilité »
(récits de voyage, descriptions du Grand Tour, conditions matérielles de la
circulation, univers des villes, passages obligés, foyers de la libre
pensée, géographies, diplomatie et politique, missions religieuses, voyages
imaginaires, fantasmatiques de l’ailleurs, utopies, fuites et exils,
marginalités, anthropologie, altérités problématiques) ;
- enfin, le troisième axe, « Échanges », traitera de la dimension « 
médiatique » des rapports entre les républicains des lettres
(correspondances, journaux, pratiques de l’épistolaire, traductions, lingua
philosophica
, Europe française, échanges linguistiques, rôles de
l’imprimerie, presses clandestines, diffusion des savoirs).

De nature interdisciplinaire, le colloque du CIERL accueillera les jeunes
chercheurs œuvrant dans les différents champs des sciences humaines, de la
littérature à la philosophie, en passant par l’histoire (de l’art, de la
musique, des sciences ou des langues). Les propositions de communication
(titre et résumé d’une demi-page, niveau d’études, ancrage institutionnel) devront être envoyées au comité avant le 20 février 2009 à l’adresse
suivante : jeunes.chercheurs@lit.ulaval.ca.

Membres du comité : Mélanie Bérubé, Annie Cloutier, Michel Germain, Xavier
Lechasseur, Gabriel Marcoux-Chabot, Stéphanie Massé, Esther Ouellet, Dany
Roberge.

Responsable : Les étudiants du CIERL

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