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Journées d’études Paris IV-Lille III, octobre-décembre 2011

L’épithète, la rime et la raison : les "dictionnaires des poètes" aux XVIe et XVIIe siècles

Atelier XVIe siècle (Paris IV-Sorbonne) – journée XVIe siècle, samedi 15 octobre 2011 et Université Lille III (EA ALITHILA) – journée XVIIe siècle, vendredi 2 décembre 2011

mercredi 24 novembre 2010, par Blandine Perona

Au sein du corpus lexicographique foisonnant que domine la recherche de l’ubertas et de la variatio stylistique aux XVIe et XVIIe siècles, dont Bernard Quemada a retracé les typologies et les grandes lignes, les dictionnaires d’épithètes et les dictionnaires de rimes jouissent du statut particulier, et éminemment fécond, de ces ouvrages que Nicole Celeyrette-Piétri a appelés les “ dictionnaires de poètes ” : destinés initialement à un double public de collégiens et de poètes plus ou moins aguerris, et ancrés dans les pratiques humanistes autant que motivés par les revendications nouvelles des professeurs de rhétorique, ils connaissent tout au long de ces deux siècles une vogue remarquable et une évolution significative. Celles-ci, marquées par l’explosion puis par le déclin de ces genres et par la diversité des stratégies éditoriales, nous renseignent aussi bien sur l’histoire des méthodes lexicographiques et des pratiques pédagogiques, que sur les conceptions de la poésie et sur les perceptions de l’ordre du monde où la recension et l’organisation du matériau lexical trouvent leur raison d’être.
L’interaction de ces deux genres permet d’observer les modalités selon lesquelles se croisent, au tournant des XVIe et XVIIe siècles, les conceptions rhétorique et grammaticale de l’épithète, sur le plan de la langue, les ambitions poétique et scolaire de ces ouvrages, sur le plan des pratiques, et les valeurs prêtées dans les institutions et les mentalités à la composition en langue latine ou en langue française, sur le plan littéraire. Le déplacement d’intérêt qui se fait, en particulier, du dictionnaire d’épithètes au dictionnaire de rimes, paraît non seulement lié à l’essor d’une poésie nouvelle en langue française, mais au développement de conceptions nouvelles du travail de l’écriture et de la mise en forme métrique et stylistique, au sein de la poésie en langue française elle-même, qui sont indissociables de nouvelles manières de penser le monde, le langage et la poésie.

L’enquête qu’il s’agit d’entreprendre dans ce vaste corpus, des Epitheta de Jean Tixier de Ravisi (Ravisius Textor) aux Gradus ad Panassum de la pédagogie jésuite, et des Epithetes de Maurice de la Porte à l’efflorescence des dictionnaires de rimes et à la satire de Boileau A Monsieur de Molière, s’attache ainsi aux enjeux littéraires et aux arrière-plans de cette vogue représentative, ainsi qu’aux grands moments de son histoire. Elle implique la prise en considération des aspects suivants :

1. L’histoire des méthodes pédagogiques et des pratiques éditoriales, notamment à travers l’étude du milieu scolaire et littéraire des humanistes pédagogues (Bérauld, Textor) et de l’intervention de la pédagogie jésuite, selon ses différentes formes ; la focalisation plus particulière sur les ambitions de certaines familles d’éditeurs et leur contribution à un moment historique du travail sur la langue (comme pour la famille de La Porte, proche de la Pléiade) ; l’analyse des formes éditoriales revêtues par ces ouvrages dans le foisonnement des deux genres, de l’épithétaire au dictionnaire de rimes et du lexique au manuel, en passant par les compilations, l’extension ou la spécialisation des corpus et l’hybridité générique ; l’étude du paratexte, des choix de taxinomie et des débouchés de ces ouvrages ;

2. Les enjeux littéraires spécifiques de ces types d’ouvrages, envisagés à travers le traitement, concomitant, concurrent ou dissocié, des épithètes et des rimes chez les auteurs dont ils dépouillent les textes ou auxquels ils s’adressent, en particulier Pontano, les poètes de la Pléiade et Du Bartas ; leur inscription dans le contexte d’une poétique plus large de l’épithète, par exemple chez Marot, Rabelais, et dans le genre du blason ; les conceptions de l’ordre du monde et de la convenance lexicale (aptum) dont ils témoignent ;

3. Leur réception et ses enjeux dans la littérature des XVIe et XVIIe siècles, en particulier à travers les nombreuses rééditions de Textor et de La Porte et l’évolution des représentations associées à ces ouvrages, dans la satire des pratiques de collège et le discours métapoétique, aussi bien dans le roman (chez Sorel par exemple) qu’en poésie (comme sous la plume de Boileau).

Les propositions sont à transmettre avant le 15 mars 2011 à :

Sophie Hache :
143 rue Marceau, 91120 Palaiseau ;
01-60-10-81-16

sophiehacheatorange.fr

Anne-Pascale Pouey-Mounou :
119 rue de Montreuil, bât. C2, 75 011 Paris ;
01-46-59-27-36

ap.poueyatfree.fr

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