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ASSOCIATION D’ETUDES SUR LA RENAISSANCE L’HUMANISME ET LA REFORME

Fable / Figure. Récit, fiction, allégorisation à la Renaissance (1540-1560).

Table ronde préparée par Gilles Polizzi et Trung Tran (21 janvier 2012).

mardi 20 décembre 2011, par Blandine Perona

Institut des Sciences de l’Homme, 14 , av. Berthelot, 69363 Lyon cedex 07.

« Ce n’est qu’une fable », s’écrie Jacques Amyot dans le célèbre « Proesme » qu’il donne
en tête de sa traduction de l’Histoire éthiopique d’Héliodore (1548). On connaît l’importance de
cette préface dans l’histoire de la théorisation de la fiction narrative à la Renaissance, dont Amyot
fournit une analyse proprement poétique tout en la dégageant de la seule lecture allégorique qui, à
ce moment-là, fonde encore la conception du récit « fabuleux ».

Les réflexions auxquelles voudrait inviter cette année la table ronde s’inscrivent dans la
lignée des travaux de RHR sur le roman pour en élargir la perspective en envisageant la question
sous l’angle des théories et des pratiques de la fable − entendu au sens large de « fiction » − tant
en vers qu’en prose.

L’objectif sera de réfléchir à la façon dont est (re)pensé le statut de la fiction dans la
période des années 1540-1560, qui succède (pour les perpétuer, les reconfigurer ou bien les mettre
résolument à distance ?) à celle des grandes « machineries allégoriques » rattachant encore la
première Renaissance à l’âge médiéval et à sa tradition exégétique. Il s’agira d’examiner le rapport
de la fable à l’allégorie, à la figure et à la figuration (tant rhétorique que plastique), autant de
notions dont il s’agira de comprendre en quel(s) sens les hommes du XVIe siècle les entendaient et
comment ils les articulaient. On se livrera donc à un travail de cadrage terminologique et
conceptuel repartant des termes de l’époque et des références alléguées, à partir par exemple des
énoncés titulaires et des textes liminaires : en quoi les réflexions qu’ils engagent en font-elles des
lieux de conceptualisation et d’interrogation de la fiction, autant que les œuvres dont ils
constituent les seuils ?

De fait, à ce versant théorique on associera un travail sur corpus examinant de près les
mises en œuvre de la fiction, dans ses diverses incarnations formelles : proses narratives ou
narrations versifiées, apologues ou récits développés, fictions « emblématisées » et fragmentées ou
narrations continues, textes commentés ou laissés à la fiction « nue ». On se propose ainsi
d’embrasser un corpus de créations originales vernaculaires d’une part et, d’autre part,
d’adaptations et traductions de fictions antiques (Apulée, Esope, Ovide, Héliodore etc) ou plus
contemporaines (l’Arioste), illustrées pour certaines (on pense notamment aux éditions publiées
par l’atelier de Jean de Tournes), et posant parfois la question du passage ou du partage entre
prose et vers. On pourra alors voir si apparaissent des points de convergence ou au contraire de
divergence permettant de penser le rapport entre fiction et allégorie, sens latent et sens patent,
plaisir et utilité, fiction et commentaire, récit (promu ?) et moralité (exhibée ou mise à distance ?)
ou encore texte et image.

A l’échelle d’une poétique et d’une rhétorique des textes, on s’interrogera sur le langage
figuré de la « fable et fiction de poetrie », ce « stille poetique » dont parle Corrozet en 1542 pour
qualifier la prose d’Esope (dont le second livre est traduit en 1548 en vers et en prose) ou encore
ce « style plus haut monté que la pedestre ou simple prose de Philosophe » évoqué par Aneau en
1556 pour qualifier les vers des Anciens. De quel processus de « figuration » constitue-t-il l’indice
ou la manifestation ? On pourra alors s’intéresser aux effets rhétoriques de l’image, dans le
prolongement des travaux de Perrine Hallyn-Galland sur l’ekphrasis et l’energeia : en quoi la
fable (et ses esthétiques) en sont-elles transformées, avant le « seuil » que constitue la traduction
par Vigenère des Images de Philostrate (1578) ? Toujours à l’échelle du texte, il faudrait cerner et
mieux comprendre la mutation qui semble s’accomplir à travers Scève et la Pléiade, dans la mise
en œuvre d’une métaphore qui intensifie ce que l’ancienne allégorie distanciait. Le paradigme
pourrait en être l’épisode de la folie de Roland chez l’Arioste qui réifie une métaphore qu’à son
tour, Du Bellay, traducteur fidèle, transpose dans deux sonnets de l’Olive. Enfin à l’échelle des
esthétiques on pourra s’interroger dans le fil des travaux de Mawy Bouchard, sur l’opportunité de
distinguer des poétiques « iconophiles » et « iconophobes » et bien entendu sur le sens que
prennent ces distinctions.

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