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Genèses éditoriales.

Appel à communication expirant le 30 mai 2012.

dimanche 12 février 2012, par Guillaume Berthon

La section thématique du volume de la Revue Seizième Siècle prévu pour 2014 explorera les
« Genèses éditoriales » de l’œuvre à la Renaissance à partir d’un questionnement relevant à la fois
de l’analyse littéraire, de la génétique des textes, de l’histoire du livre et de l’édition et plus
largement de l’histoire des idées culturelles : comment les pratiques éditoriales, envisagées du
point de vue de leur fécondité littéraire, viennent-elles nourrir la genèse de l’œuvre ? Un tel
champ d’investigation voudrait étudier les modalités de production du livre (péritextes éditoriaux
et auctoriaux, dispositifs typo-iconographiques, etc.) mais aussi de réception des œuvres (question
de la réédition, des révisions et rafraîchissements, de l’adaptation de l’œuvre à ses divers lectorats,
des succès et échecs de certains ouvrages, etc.) en envisageant les procédés éditoriaux comme
producteurs de littérarité.

Pour ce faire, le volume se composera de deux volets : le premier, rassemblant une
documentation iconographique commentée (en collaboration avec Magali Vène), présentera les
traces matérielles de cette intervention éditoriale au sein de l’objet-livre. En contrepoint, le
second, qui proposera un ensemble de contributions consacrées aux représentations de la genèse
éditoriale au sein des œuvres imprimées au XVIe siècle, permettra d’étudier ce que les péritextes
donnent à voir de la fabrication de l’ouvrage. Le volume s’attachera alors à faire dialoguer ces
deux points de vue, historiographique et littéraire, afin de montrer comment la genèse des
œuvres est à la fois le produit des mutations socio-culturelles et techniques qui affectent la
production littéraire et d’une mise en scène littérarisée de cette réalité, qui vise à l’intégrer au sein
du processus de constitution du sens.

Dans le premier volet, on se demandera dans quelle mesure le livre imprimé de la
Renaissance, dans sa matérialité, et notamment dans la multitude des rééditions qui le caractérise,
peut être envisagé comme un document génétique à part entière, dont la prise en compte peut
venir compenser l’absence relative de brouillons d’auteurs conservés pour cette époque. On
interrogera ainsi le statut de ce qu’on pourrait appeler des « brouillons d’éditeurs », i. e. les
matériaux préalables à l’œuvre produits par l’instance éditoriale : copies préparées et annotées de
la main d’un imprimeur ‒ documents extrêmement rares à la Renaissance ‒, mais aussi pages
imprimées non reliées, pages annotées de différentes mains, préfaces rédigées par les éditeurs
scientifiques participant à l’établissement philologique des éditions humanistes, éditions et
rééditions d’une même œuvre par une même équipe éditoriale ou d’un atelier à l’autre, variantes
introduites sous presse, marques de la censure, etc. On se demandera alors ce que toutes ces
pièces ‒ qui interviennent, à des titres divers, dans la constitution de l’œuvre mais sont rarement
étudiées dans leur portée littéraire ‒ nous apprennent de la genèse de l’œuvre, des usages du livre
et des lectures qu’elles peuvent suggérer à leurs divers lectorats.

Les contributions rassemblées dans le deuxième volet étudieront en regard comment la
représentation de la genèse éditoriale de l’œuvre est le fruit d’un discours qui fait intervenir des
topoï littéraires, renouvelant ceux de l’ère manuscrite pour redéfinir le statut de l’œuvre à la
Renaissance. On s’intéressera notamment aux modalités d’apparition des figures d’éditeur placées
à l’ouverture des ouvrages, dans les privilèges, épîtres, mais aussi dans les adresses et marques qui
figurent sur les pages de titre. On pourra aussi interroger les mises en scène de la relation auteur-éditeur,
sur un mode collaboratif ou conflictuel, qui suggèrent une répartition délibérée des rôles
ou encore les représentations qui donnent à voir l’atelier de l’imprimeur ou la boutique du
libraire. On se demandera alors ce qui peut justifier la présence récurrente de ces références à la
genèse éditoriale des œuvres au sein des péritextes et ce que cela révèle du statut de l’œuvre
littéraire, à une époque où cohabitent encore de manière essentielle des circuits de
communication orale, manuscrite et imprimée.

Les articles (qui se limiteront à 40 000 caractères) ou les pièces documentaires assorties de
leur analyse problématisée (4000 caractères) peuvent être proposés à Anne Réach-Ngô d’ici le 30 mai 2012, sous la forme d’un résumé d’une demi-page
accompagné d’un titre provisoire et de l’adresse institutionnelle de leur auteur. Les articles retenus
par le comité de lecture de la Revue devront être rendus pour le 30 juin 2013.

P.-S.

Illustration : Presses, détail, 1568 (source : Wikimedia Commons).

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