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Éloquence et action au temps de la Renaissance

SIRIR Société Internationale de Recherches interdisciplinaires sur la Renaissance - Colloque international Printemps 2010 (date précise non encore fixée) - Appel à communications

mercredi 4 novembre 2009, par Blandine Perona

Cicéron oppose éloquence et rhétorique dans les premières pages du De Oratore : c’est en prenant des leçons de ceux qui avaient une éloquence naturelle que l’art de la rhétorique est né. L’éloquence (don naturel) n’est pas une conséquence de la rhétorique (art), mais la rhétorique l’est de l’éloquence. La rhétorique ne doit jamais oublier son rapport à la nature.(cité par B. Vickers, In Defence of Rhetoric, (1988), Clarendon Paperbacks, 1990, p. 1) Or, aux cours des âges, la rhétorique devenue prescriptive finit par s’isoler du sens, de la création, de l’action humaine et devenir l’exercice stérile d’hommes obscurs, abîmés dans le silence de la vita contemplativa. Lorsque les prêtres donnent plus dans les mots que dans le contenu, chante le fou dans Le Roi Lear (III, 2), le royaume n’est pas loin du pourrissement.

Puisque le colloque se donne pour but de comprendre la spécificité de cette relation séculaire entre éloquence et action à la Renaissance, l’action n’est autre dans cette relation entre ces deux termes, que le concept suggéré par la vita activa, tout ce qui touche la vie sociale et politique et que la Renaissance privilégie. Le colloque devra affiner cette opposition entre ces concepts utilisés dans leurs contextes médiévaux et dans ceux de la Renaissance pour éviter toute dualité caricaturale (Lagarde, La Naissance de l’Esprit Laïque au déclin du moyen âge, Secteur social de la scolastique (vol III), Paris Droz, 1942, chapitre 1). Si l’action dans ce sens se distingue ainsi de l’actio, la cinquième tâche de la rhétorique, qui met en œuvre le corps même de la parole, la voix et le geste, qu’il soit de la main ou de l’œil, elle peut aussi l’inclure. Ainsi les gestes et les regards de l’acteur jouent un rôle politique à la cour d’Elsinore.

Le colloque se propose de comprendre comment la Renaissance a repris le grand débat classique qui opposait Platon à Aristote sur la valeur éthique de l’éloquence et de son art, la rhétorique. Comment Les oppositions mots/ choses (res, verba), mots/ faits et mots /actes, se relaient entre elles pour fonder des théories du langage qui d’un côté peuvent aboutir à un scepticisme sur le pouvoir des mots ou au contraire sa valorisation, allant jusqu’à faire de l’éloquence une arme contre la violence, comme le suggère Politien. Le renversement graduel de la suprématie de la raison sur la volonté en celle de la volonté sur la raison a des effets sur la fonction même de la rhétorique qui privilégie parmi ses trois fonctions, movere, docere, delectare celle qui consiste à émouvoir. (B. Vickers, In Defence of Rhetoric, (1988), Clarendon Paperbacks, 1990, p. 275-282 et passim). Mais cette valorisation de l’éloquence dans son rapport à l’action, doit être nuancée par une réflexion sur l’origine réaliste ou nominaliste (S. Penn, « Literary nominalism and medieval sign theory. Problems and perpectives », in H. Keiper, C. Bode, R. J. Utz eds, Nominalism and Literary Discourse, New Perspectives, (Critical Studies, vol 10), Rodopi, Amsterdam-Atlanta GA, 1997) du scepticisme par rapport à l’éloquence, très présent à la Renaissance.

Les communications de ce colloque, examinées par le comité de lecture de la S.I.R.I.R, constitué de spécialistes de la question, seront publiées dans la collection de la S.I.R.I.R aux éditions Brepols.

Les propositions de communications (un résumé d’une page maximum) ainsi qu’un curriculum vitae sont à envoyer au plus tard le 30 novembre 2009 à :

Marie-Madeleine.Martinet@paris-sorbonne.fr

Marie-Madeleine Martinet, 104 Boulevard Arago, 75014 Paris, France

Sauf cas exceptionnel, la S.I.R.I.R ne prend pas en charge les frais de séjour à Paris. Une invitation officielle nécessaire à l’établissement des ordres de mission sera délivrée sur demande.

SIRIR

International Society for Interdisciplinary Research on the Renaissance

ELOQUENCE AND ACTION IN THE RENAISSANCE

International Symposium, Spring 2010 (Precise date not fixed)

Call for Papers

In the first pages of the De Oratore, Cicero opposes eloquence and rhetoric : the art of rhetoric, he says, derived from the observation of those who were naturally eloquent. Eloquence -a natural gift- is therefore not a result of the practice of rhetoric –an art- but it is the reverse which is true. What rhetoric owes to nature must never be forgotten.(quoted by B. Vickers, In Defence of Rhetoric, (1988), Clarendon Paperbacks, 1990, p. 1) In the course of centuries, however, rhetoric became more and more merely prescriptive, and came to have less to do with meaning, creation, politics –human action. It became the sterile game of obscuri viri, lost in the silence of the vita contemplative. “When priests are more in word than matter”, the fool complains in King Lear (III, 2), the realm is in danger of coming to “great confusion”.

Since the aim of the symposium is to understand the specificity of the age-old relation between eloquence and action in the Renaissance, the concept of the vita activa- a current notion at the time- can help to define what is meant by action : all that is concerned with social and political life. One of the issues would be to contextualize the use of these terms both in the middle ages and in the Renaissance so as to avoid too hasty oversimplifications. (Lagarde, La Naissance de l’Esprit Laïque au déclin du moyen age, Secteur social de la scolastique (vol III), Paris Droz, 1942, chapitre 1). If action in this context is therefore distinguished from actio, the fifth task of the art of rhetoric, which makes the very body of the word, voice and gesture, implemental, it can also include it : the way the actor uses his hands and eyes at the court of Elsinore, has a political purpose.

A discussion can arise on the way the Renaissance took up the classical debate that divided Plato and Aristotle on the ethical value of eloquence and of its art, rhetoric ; how the terms of such dualities as res and verba, word and fact, word and deed, merged or diverged to found language theories that led to a sceptical appraisal of the power of words or on the contrary to its higher prestige, to the point of turning eloquence into a weapon against violence as Poliziano suggested. The way the classical supremacy of reason over will was gradually turned upside down till the higher function came to be the will, had consequences on the actual functions of rhetoric in the Renaissance which privileged that of movere over the other two, docere, delectare. (B. Vickers, In Defence of Rhetoric, (1988), Clarendon Paperbacks, 1990, p.275-282 and passim). But the eminent place given to eloquence in its relation to action, should be tempered by a discussion on the origins (Platonic or nominalistic) of a sceptical approach to eloquence which was still quite alive in the Renaissance. (S. Penn, « Literary nominalism and medieval sign theory. Problems and perpectives », in H. Keiper, C. Bode, R. J. Utz eds, Nominalism and Literary Discourse, New Perspectives, (Critical Studies, vol 10), Rodopi, Amsterdam-Atlanta GA, 1997).

The papers for this symposium, examined by a supervisory committee made up of specialists of the chosen topic, will be published in the S.I. R.I.R collection by Brepols.

The proposed titles, along with an abstract (maximum one page) and a curriculum vitae must be sent before November 30th 2009 to :

Marie-Madeleine.Martinet@paris-sorbonne.fr

Marie-Madeleine Martinet, 104 Boulevard Arago, 75014 Paris, France

Travelling and accommodation expenses cannot be paid for by the S.I.R.I.R, apart from exceptional circumstances. An official invitation will be given when required for those needing to source funding from their universities.

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