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L’expérience du vers en France à la Renaissance.
Paris, jeudi 15 Mars 2012.
samedi 18 février 2012, par
Présentation de la journée
Oulipien, le XVIe siècle ? Reconnaissons du moins qu’il constitue pour la France une période singulière
en matière de versification. On lui doit une part non négligeable des termes qui nous servent encore aujourd’hui
à désigner des faits métriques (césure, décasyllabe, diérèse, hémistiche, quatrain, strophe…), comme
l’introduction du sonnet, de l’alternance des rimes, ou la « redécouverte  » de l’alexandrin. Plus
fondamentalement, on lui doit un grand nombre de débats, de réflexions et d’expérimentations de toutes sortes.
Parmi d’autres, les poètes et les théoriciens cherchent ainsi à construire le partage entre vers et prose, à trouver
les moyens pour la prosodie vernaculaire de conserver ou de restituer, par d’autres voies, les prestigieuses
métriques anciennes. Ils cherchent encore à exploiter les possibilités expressives du vers et de la rime, adaptant
ceux-ci, autant que faire se peut, au sujet ou au destinataire des poèmes par un processus mimétique qui veut que
l’harmonie créée par les sons, les nombres et leurs rapports reproduise celle des objets du monde. Dans le
prolongement de la lyrique médiévale et de son foisonnement, mais avec d’autres formes et d’autres cadres, le
vers français à la Renaissance s’essaie alors tous azimuts. C’est de ce moment, parfois sous-estimé,
d’expérimentation et d’effervescence autour des possibles du vers et de la prosodie vernaculaire, que nous
voudrions rendre compte lors de cette journée.
L’inventivité lexicale, pratique et théorique de la versification française à la Renaissance a bien sà »r une
histoire. A considérer la première moitié du siècle, on voit s’opérer un grand changement des modes
d’expression : les genres poétiques évoluent et, avec eux, un type de poétique. Au retour et au refrain sont
préférées les formes moins répétitives et plus aiguë s favorisant la pointe et le surgissement d’un sens nouveau, Ã
la saturation des mêmes rimes, particulièrement ornementées, succède une rime moins riche et qui revient de
façon moins obsessionnelle. Quant au lexique métrique et au discours sur le vers, il évolue également de façon
significative depuis les « arts de seconde rhétorique  » jusqu’aux « arts poétiques  », quand la poésie se tourne
résolument du côté de l’Antiquité et de son imitation. Bien que menée contre l’art des « rimeurs  » et des
« versificateurs  », la révolution poétique des années 1550 cherche néanmoins à trouver des éléments de prosodie
capables d’illustrer la poésie vulgaire : c’est le temps des expériences les plus limites, des vers mesurés, des vers
sans rimes, mais aussi de l’ode, de la strophe ou du sonnet — des odes, des strophes et des sonnets. A regarder
maintenant à l’autre bout du siècle, on voit enfin venir Malherbe et d’autres, poètes et poéticiens, qui paraissent
vouloir régler davantage les pratiques poétiques et, après des décennies d’expérimentations et de combinatoires
diverses, passer à l’heure du bilan et du tri du grain et de l’ivraie.
La journée d’études devra également permettre d’interroger le schéma historiographique qui vient d’être
retracé et qui fait allègrement passer de l’efflorescence quelque peu débridée de la Grande Rhétorique à la raison
métrique du Classicisme. Ce schéma repose bien évidemment sur une série d’approximations et d’impensés :
outre qu’il occulte les formes (et les lieux) de résistance à ce mouvement et refuse de prendre en compte des
idiosyncrasies, il n’est pas exempt d’un discours idéologique, valorisant le fond sur la forme jugée exubérante,
considérant aussi souvent la très grande contrainte formelle comme résolument contraire à la production du sens
ou d’une parole libre et subjective.
Depuis au moins une dizaine d’années, un certain nombre d’études sur la versification française, portant
de façon centrale ou non sur la Renaissance, ont vu le jour. Nous souhaiterions que cette journée, qui donnera
lieu au trentième numéro des Cahiers Saulnier, puisse être l’occasion d’un rapport d’étape, d’un bilan raisonné
des dernières recherches, encore parfois mal diffusées. Nous souhaiterions aussi qu’elle soit l’occasion de
dessiner des pistes nouvelles et d’orienter de futures recherches sur l’histoire formelle de la littérature du XVIe
siècle.
Matinée
9h Frank Lestringant (Paris-Sorbonne) : Présentation de la journée
9h20-9h40 Véronique Dominguez (Nantes) : « La Rime mnémonique
: une expérience
dramatique du vers entre Moyen Age et Renaissance  »
9h40-10h François Cornilliat (Rutgers University) : « Qu’est-ce qu’un vers pour Jean Bouchet ?
L’exemple du Temple de Bonne Renommée  »
10h-10h20 Franck Bauer (Caen) : « Jeux de la forme et du sens dans trois poèmes de Marot  »
Discussion. Pause
11h10-11h30 Emmanuel Buron (Rennes2) : « Les Vers rapportés comme indice d’une
poétique  »
11h30-11h50 Jean Vignes (Paris Diderot-Paris7) : « Jean-Antoine de Baïf, inventeur de
formes  »
Discussion
Après-midi
14h00-14h20 Olivier Bettens (Cossonay, Suisse) : « Octosyllabes et effets de rythme  »
14h20-14h40 Olivier Halévy (Sorbonne nouvelle-Paris 3) : « Maladresse, liberté ou effet
expressif ? Le statut de la discordance métrique autour de 1550  »
14h40-15h00 Vân Dung Le Flanchec (Paris-Sorbonne) : « A propos du nombre oratoire en
français : quels substituts à l’accent syntagmatique dans le discours en vers à la Renaissance ?  »
Discussion. Pause
15h50-16h10 Benoît de Cornulier (Nantes) : « L’Emergence du système “classique†des
strophes  »
16h10-16h30 Nathalie Dauvois (Sorbonne nouvelle-Paris3) : « Vers courts et strophes lyriques :
le laboratoire horacien des années 1550  »
16h30-16h50 Christelle Reggiani (Lille III) : « Albert-Marie Schmidt, poète oulipien : la poésie
de la Renaissance et l’Oulipo  »
Discussion
17h20 Jean-Charles Monferran (Paris-Sorbonne) : « En guise de conclusion  »
La journée se terminera par un pot.
Informations pratiques
Journée d’étude organisée le jeudi 15 Mars 2012
par le Centre V.-L. Saulnier
Maison de la Recherche
28 rue Serpente,
75006 Paris, Salle 35
Organisateur : Jean-Charles Monferran
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