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Collections, œuvres, séries, corpus : rassembler les textes à la Renaissance

Table Ronde RHR - samedi 29 janvier 2011

jeudi 13 janvier 2011, par Elise Rajchenbach

Table ronde de l’association d’Études sur la Renaissance, l’Humanisme et la Réforme.
Samedi 29 janvier 2011
9h30-13h30
Institut des Sciences de l’Homme
14, avenue Berthelot
Lyon

Matinée de réflexion et de discussion organisée par Élise Rajchenbach-Teller, Raphaële Mouren et Évelyne Berriot-Salvadore.

- questions lexicographiques : avec la participation de Michèle Clément, Christine de Buzon, Martine Furno, Sylvie Favalier…
- copistes, éditeurs, imprimeurs : Pierre Petitmengin, Anne Réach-Ngô, Nelleke Moser…
- genre, typologie et contenu des textes : Pascale Mounier, Mathilde Thorel, Véronique Duché…

Le passage du monde du manuscrit à celui de l’imprimé provoque une mutation dans la forme de l’objet livre, ainsi que dans ses modes d’élaboration et de diffusion, qui invite à repenser les modalités de rassemblement de textes. Ces textes ainsi rassemblés prennent des formes diverses qui peuvent apparaître comme autant de collections, œuvres, séries et autres corpus. Ils fondent une certaine cohérence éditoriale et mettent ainsi en œuvre des questions esthétiques, auctoriales, voire stratégiques.

On peut mettre en évidence au moins deux principaux modes de rassemblement des textes : ceux, d’une part, qui s’attachent à un auteur spécifique, élevé au rang d’auctoritas et à la production duquel est attribuée une certaine cohérence (voir le modèle classique des opera), ceux, d’autre part, qui se constituent sur un autre critère que le critère auctorial, comme le genre, voire la langue (ex : les séries italiennes chez Jean de Tournes ou Guillaume Rouillé). Ces collections – dont il faudra interroger l’appellation même – sont constituées par une instance qu’il s’agit alors d’identifier : en effet, on peut trouver à leur origine l’auteur, mais aussi un éditeur (identifiable ou non), ou l’imprimeur. Les objectifs eux-mêmes diffèrent : il peut s’agir de promouvoir un auteur dont l’autorité est à construire ou de s’appuyer sur l’autorité préalable dudit auteur (Marot, Jean Lemaire, Ronsard…). De ce point de vue, l’étude de collections nécessite un travail sur les réseaux qui permettent la mise en œuvre de l’entreprise. Elle appelle également une étude plus large des impératifs commerciaux et esthétiques, mais aussi parfois politiques ou même matériels (conserver plus sûrement des textes dans le temps par exemple), qui semblent guider la mise en collection. Par ailleurs, l’existence même de textes rassemblés par leur auteur soulève la question de l’authenticité de l’œuvre ou d’une partie de l’œuvre d’un auteur, et du statut des œuvres identifiées comme apocryphes.

L’angle de l’objet linguistique est également à approfondir : l’élaboration de collections ou de séries pour des textes classiques ou vernaculaires peut s’établir à partir de modèles à identifier, qu’il concerne la pratique manuscrite préalable ou des pratiques éditoriales étrangères dans un même domaine (en particulier en Italie). Le passage du domaine classique au domaine vernaculaire, qui peut se faire au prix d’adaptations, est également à interroger. Dans ce cas, quelles conséquences le passage au vernaculaire a-t-il sur la notion même d’« œuvre(s) » ? Quelles différences y a-t-il entre opera et œuvre(s) ?

Un autre angle d’étude pourrait s’attarder non sur la langue mais sur la typologie des textes, ou encore uniquement sur la figure même de l’imprimeur – y compris en s’interrogeant sur l’existence de stratégies différenciées d’un lieu à l’autre. On pense en particulier aux textes scientifiques ou aux textes juridiques.

Enfin, la constitution de collections n’a de cohérence que si elle est identifiable par un public. Il convient par conséquent d’étudier les éléments paratextuels et matériels qui, dans la mise en livre, constituent la collection. On pense en particulier au retour de figures dédicatoires ou éditoriales, notamment dans les paratextes ; aux discours tenus dans ces paratextes ; au travail de mise en page (en particulier la page de titre) ; au choix du format ; voire à des éléments plus techniques comme le texte du privilège tel qu’il figure dans l’ouvrage ou les conditions même de vente des livres, susceptibles de figurer côte à côte sur l’étal de l’imprimeur ou du libraire. Il s’agit là des choix éditoriaux, économiques, techniques et commerciaux de l’imprimeur-libraire. Lorsqu’un imprimeur-libraire publie un grand nombre de textes d’une catégorie spécifique (droit, littérature...), fait-il en sorte que l’acheteur éventuel puisse identifier un livre non pas seulement comme faisant partie de sa production, mais comme appartenant à un ensemble plus thématique, à une collection en somme ? On pourra s’arrêter en particulier sur la question du vocabulaire, en cherchant si une terminologie pour désigner ce qu’on appelle « collection » est mise en place dans ces années.

La table ronde 2011 de RHR a pour objectif de réunir les idées, d’identifier et préciser les enjeux et les pistes de travail afin de préparer un volume collectif.

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