Panurge
Actualités de la recherche autour de la Renaissance

Accueil > Actualités > Appels à communication > Psyché à la Renaissance (Tours et Azay-le-Rideau).

Psyché à la Renaissance (Tours et Azay-le-Rideau).

Appel à communication expirant le 15 octobre 2008.

mardi 26 août 2008, par Guillaume Berthon

Projet

Du 20 mai au 30 août 2009 se tiendra au château d’Azay-le-Rideau une exposition
consacrée à Psyché et le désir d’éternité organisée par le Centre des monuments
nationaux. Tout en déroulant l’histoire de Psyché écrite par Apulée au IIe siècle de
notre ère dans l’Âne d’or, puis réécrite par Jean de La Fontaine à la fin du XVIIe siècle,
l’exposition propose également une vison chronologique de l’appréhension du thème
par les artistes de la Renaissance au XIXe siècle.

Bien que présentant environ deux cents objets, l’exposition ne peut aborder tous les
aspects de cette production. C’est ainsi qu’il est apparu indispensable de l’enrichir
d’un colloque qui viendra opportunément approfondir certains sujets et combler les
aspects absents ou trop rapidement évoqués dans les salles du château d’Azay-le-
Rideau.

Ce colloque dans lequel la Renaissance sera entendue au sens large, du XVe siècle
aux premières décennies du XVIIe siècle invite également à une réflexion sur la
période antique et sur les XVIIIe et XIXe siècles. En effet, loin d’ignorer les textes
fondateurs, ces deux siècles se sont largement nourris des images véhiculées par la
Renaissance.

Le programme s’articulera de la façon suivante : après une conférence inaugurale le 29 juin, les communications aborderont par
journée ou demi-journée, la littérature, la musique, le théâtre et l’histoire de l’art. Une visite de l’exposition est prévue durant les journées d’études.

Entre la redécouverte au XIVe siècle du texte des Métamorphoses d’Apulée par
Zanobi da Strada et Boccace puis la publication des Amours de Psyché et Cupidon de La
Fontaine en 1669, suivis de la tragédie-ballet de Molière, Corneille et Quinault en
1671, la fable de Psyché investit tous les domaines de la littérature, de la philosophie
et de l’art. Plusieurs publications récentes ont été consacrées à la postérité d’Apulée
et à celle de Psyché, les unes dans le domaine de l’histoire de l’art, les autres dans
celui de la littérature. La présentation au château d’Azay-le-Rideau d’une exposition
originale centrée sur les interprétations de la fable de Psyché dans l’art français à
partir de la Renaissance est l’occasion de confronter ces travaux et d’offrir à la
recherche des perspectives nouvelles. Ce colloque, tout en ouvrant sur le devenir du
thème jusqu’à l’époque contemporaine, se consacrera donc à l’étude d’un processus
exemplaire de l’humanisme renaissant : celui par lequel la modernité s’approprie un
texte antique mal connu pendant le Moyen Âge, dont l’écriture puis les
interprétations sont contemporaines de la christianisation de l’Empire Romain,
chargé d’une métaphysique platonicienne et d’un érotisme qui pouvaient s’adapter à
toutes ses attentes, et propre à devenir le support d’une interrogation en même
temps sur la notion de sujet et sur la fiction.

1. La transmission du récit d’Apulée : éditions, traductions, allégories philosophiques

Le premier domaine à explorer sera celui des modalités de transmission et de
réception du conte rapporté par Apulée. Avant la réapparition des manuscrits des
Métamorphoses, Psyché n’avait pas été totalement absente des lettres médiévales. Fulgence
le Mythographe avait résumé et traduit en allégorie la fable apuléienne, et Martianus
Capella dans ses Noces de Mercure et de Philologie avait décrit et jugé à sa manière les
amours de Psyché et de Cupidon ; c’est son texte qu’ont commenté, au IXe siècle, Jean Scot
Érigène, Rémi d’Auxerre et Martin de Laon, et au XIIe siècle Bernard Silvestre. On note
aussi la présence de Psyché dans la Métamorphose de l’évêque Golias de Gautier Map. Mais
les manuscrits des Métamorphoses, s’ils semblent avoir été peu connus, n’avaient pas
disparu et restaient connus d’une minorité de clercs. Au XIVe siècle, Zanobi da Strada et
Boccace redécouvrent dans sa totalité le texte d’Apulée. Puis Philippo Beroaldo en publie
à Venise la première édition imprimée assortie de son important commentaire. C’est le
début de la longue présence de Psyché dans les arts et les lettres, partie de Florence pour
essaimer à Mantoue puis dans toute l’Europe. On reviendra donc sur :

- L’histoire des éditions et des traductions du texte des Métamorphoses
- Les estampes et les emblèmes
- La place de Psyché dans la mythographie
- L’usage de Psyché dans la réflexion philosophique.

2. Psyché à la Renaissance : Invention d’un cycle narratif dans les arts décoratifs et les beaux-arts

Une histoire dans laquelle le regard interdit et la transgression de cet interdit
forment, plus qu’un thème, le noeud même de l’intrigue, ne pouvait manquer
d’inspirer les arts visuels. La fable de Psyché, dès sa redécouverte à Florence, devient
un sujet privilégié par les spectacles que donne et se donne la société de cour. Ces
spectacles sont ceux des arts visuels et des arts de la scène.

- Les panneaux de cassone
- Les décors peints en Italie, en France et ailleurs au début du XVIe
- La tapisserie du roi François Ier : une tapisserie disparue
- Les vitraux du château d’Ecouen à Chantilly
- Les gravures du Maître au Dé
- Les émaux peints
- Psyché dans les archives parisiennes
- Un point sur l’iconographie et la question de l’identification du sujet...

3. Déclinaisons de Psyché en France et en Europe

L’exposition au château d’Azay-le-Rideau embrasse une vaste chronologie, dont ce
colloque pourrait rendre compte également dans les domaines de la littérature et des
beaux-arts. Dans le cadre de la réflexion moderne sur la fiction, il faudrait en particulier
examiner la manière dont un conte, fait par une vieille femme avinée à une jeune fille
enlevée par des brigands à la veille de ses noces, a permis aux hommes des XVIe et XVIIe
siècle puis à leurs héritiers de réfléchir justement sur la nature et la fonction de la fiction
dans ses rapports avec l’allégorie, en tenant compte du rôle central que joue la référence à
Psyché dans l’Hypnerotomachia Poliphili de Francesco Colonna. On pourra s’attacher à :

- L’épopée
- Les genres du roman, La poésie
- Les arts décoratifs et les beaux-arts (ou : comment sortir de la narration ?).

4. Psyché sur les scènes européennes

Depuis les Noze de Psyche & Cupidine de Galeotto del Carretto, vers 1520, jusqu’à la
« tragédie-ballet » de Molière, Corneille, Quinault et Lulli, jouée en 1671, Psyché est
présente sur les scènes européennes : intermèdes, drames musicaux, masques, ballets de
cour… tous les genres théâtraux s’emparent d’elle, avec une présence constante de la
musique, et une remarquable constante de la dimension spéculaire.

- On pourra donc s’attacher aux différents genres de ces spectacles musicaux :
intermèdes, masque, dramma musicale, ballet, auto sacramental, zarzuela, tragédie-ballet
- Les interprétations morales et religieuses se laissent déborder par la variété de
péripéties qui se prêtent parfaitement à la mise en scène et à la dénonciation baroques de
l’illusion et du désenchantement
- Reste aussi à préciser l’intérêt politique que présente ce scénario particulier pour
toutes les grandes familles qui se le sont approprié (les Médicis à Florence, les
Gonzague à Mantoue etc.).
- Enfin, on pourra ouvrir vers le devenir de ces genres théâtraux et musicaux : Psyché occupera les cènes européennes jusqu’à la fin du XIXe siècle, dans des opéras comiques ou des adaptations de Molière, et continue d’inspirer la composition
musicale à l’époque contemporaine..

Ce colloque examinera l’ensemble de ces domaines et de ces questions, en
ouvrant sur le devenir, particulièrement riche, du mythe de Psyché dans les arts et
les lettres de l’Europe, depuis la Renaissance qui l’a constitué jusqu’à l’époque
contemporaine.

Organisation

Colloque organisé par le Centre d’études supérieures de la Renaissance (Tours) et le Centre des Monuments nationaux (Paris)

Tours, CESR et Azay-le-Rideau, château, 29 juin-4 juillet 2009

Comité d’organisation : Lorraine Mailho (Paris, CMN), Magali Bélime-Droguet (Paris, CMN), Véronique Gély (Paris, Université Paris IV), Philipe Vendrix (Tours, CESR), Maurice Brock (Tours, CESR).

Coordination : Lorraine Mailho (conservateur en chef du Patrimoine –Centre des Monuments nationaux).

Informations pratiques

Les propositions de communications (1500 s. max), accompagnées d’un bref curriculum vitae (15 lignes max.), devront être envoyées avant le 15 octobre 2008 à l’adresse suivante :

lorraine.mailho@monuments-nationaux.fr

P.-S.

Illustration : Raphaël, Psyché présentant à Vénus l’eau du Styx , 1517 (source : Web Gallery of Art).

Répondre à cet article

SPIP | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
Habillage visuel © Équipe Panurge, à partir de Yves Costiou sous Licence GPL