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Le courage de la vérité dans les usages de l’histoire (XVIe-XVIIIe s.)

Journée d’étude organisée par Karine Abiven (Équipe Sens-Texte-Informatique-Histoire, EA 4509 – Université Paris-Sorbonne) et Arnaud Welfringer (Équipe Littérature, histoires, esthétique EA 7322 – Université Paris 8-Saint-Denis & Équipe Fabula),

lundi 3 novembre 2014, par Blandine Perona

Journée d’étude prévue le samedi 10 octobre 2015

La véracité du discours historique tient aujourd’hui pour nous avant tout à l’adéquation entre un énoncé et des faits attestés. Il n’en a pas toujours été ainsi. Nombre de mémorialistes et d’historiens d’Ancien Régime situent autant la véracité de leur discours dans leur énonciation, donnée comme « courage de la vérité », dans la filiation parfois explicite d’une notion antique redécouverte par M. Foucault : la parrêsia, « liberté de parole » par laquelle se manifestent les qualités éthiques de franchise et de courage de l’énonciateur –qualités qui garantissent la vérité de son discours. Cette conception de la vérité comme produit d’une posture énonciative (celle d’un sujet qualifié pour dire le vrai) semble informer les formes d’écriture historique les plus diverses du XVIe au XVIIIe siècle.

Ainsi du président de Thou, qui place au frontispice de son Histoire universelle les figures allégoriques d’Aletheia, la vérité, et de Parrêsia, la liberté de parole. Ainsi de Tallemant des Réaux qui, dans ses Historiettes, affirme « dire le bien et le mal sans dissimuler la vérité […] d’autant plus librement que […] ce ne sont pas choses à mettre en lumière ». Ou encore de Retz qui affirme sa « sincérité » en tête des Mémoires, comme un devoir à l’égard de sa destinataire et comme une vertu héroïque : on reconnaît là une qualité sociale qui s’inscrit dans l’histoire longue des reformulations et des réactualisations de la parrêsia (définie par Aristote pour en faire l’une des vertus du magnanime dans l’Éthique à Nicomaque, et qui à ce titre, chez Retz, participe à la construction d’un èthos aristocrate). De telles stratégies de légitimation sont sans doute topiques ; elles n’en sont que plus révélatrices de la prégnance de cette conception de l’énonciation historique commune à l’époque moderne.

La parrêsia pourrait ainsi constituer un modèle pour mieux comprendre les manières d’écrire l’histoire à cette époque. À côté du développement concomitant de l’histoire critique et scientifique, les procédures d’autorisation éthiques de la parole historique héritée de la parrêsia ne se sont-elles pas durablement perpétuées ? Pour reprendre une opposition de M. Foucault, la « vérité-constat » à quoi se résume pour nous la vérité historique ne nous masque-t-elle pas la place considérable qu’occupe, sous l’Ancien Régime, une autre conception de la vérité, « vérité-épreuve », vérité qui s’éprouve et s’authentifie d’abord par l’èthos parrésiastique de l’énonciateur ?

Nous proposons ainsi de repenser collectivement cette notion de parrêsia, non pas comme l’avatar d’une parole oblique ou masquée, mais en lui redonnant son sens de pacte de parole où la construction de l’image discursive de l’énonciateur est déterminante.

Suite de cet appel sur Fabula.

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